Château

Selon une tradition, un château primitif aurait été construit dans le bois de Carantilly et transféré plus tard à l’emplacement actuel. Une section de ce bois s’appelle encore « le vieux château ». C‘est tout ce qu’il en reste, s’il a jamais existé. En 1577, il y avait à l’emplacement actuel, un manoir avec des maisons, des jardins et des bois. L’édifice actuel a dû être commencé sous la Régence à partir d’une construction plus ancienne dont de nombreuses pierres surtout de granit ont été réutilisées. Il y eut au moins trois campagnes de travaux. L’ancienne était terminée lors de la Révolution comme en fait foi le plan de la propriété dressé en 1796. 

Situé au fond d’une cour d’honneur, que bordent deux bâtiments de communs, construits aussi en trois fois, il se compose d’un corps de logis central à un étage, sur cave, orné d’un avant-corps central saillant, continué par quatre ailes sans étages, disposées parallèlement et dans l’alignement du corps central. L’intervalle entre ces ailes forme, à chaque extrémité de la construction, une petite cour intérieure fermée, dite « à l’italienne ». L’ensemble dans ses grandes lignes, rappelle un peu Fontenay-sur-Mer. 

Les deux façades sont d’un esprit très différent. La façade sur la cour a une ornementation qui utilise systématiquement la petite brique rouge, encadrements de fenêtres, bandeau qui sépare le premier étage du rez-de-chaussée, angles du corps central et de l’avant-corps et avant la guerre, les parements et le couronnement des cheminées. Les communs utilisent la brique de la même manière, ce qui nous donne une allure bien plus proche de l’esprit du XVII^e siècle que du style du XVIII^e siècle.  La façade sur le parc emploie un calcaire blanc pour ses encadrements de fenêtres et son bandeau. L’avant-corps central présente une richesse de décoration rare pour notre région ; il est percé de deux portes-fenêtres cintrées, donnant sur un perron ; deux fenêtres, aussi cintrées, les surmontent. Un jeu de consoles chantournées, uniquement décoratives soutient le bandeau et la base du fronton ; trois pilastres ornés de refends complète cette ornementation.

 Les ailes sont légèrement en retrait ; elles utilisent le granit pour leur ornementation ; les appuis de fenêtres sont soutenus par une série de balustres qui auraient été taillées dans une pierre grise, monument mégalithique sis à la Guette, point culminant du bois de Carantilly. Cette façade contraste par son aspect aimable avec la sévérité de la façade postérieure ; elle donnait sur un jardin à la française qui descendait vers un étang au dessus duquel était dessiné un parterre ; au-delà une avenue, tracée dans l’axe de l’avant-corps terminait la perspective.

Une chambre est tapissée de toiles peintes en camaïeu bleu ; deux de ces toiles sont inspirées de l’œuvre de Watteau (1684-1721), très probablement par l’intermédiaire de gravures qui en furent tirées.

Ci-contre, "Champs Elysées" (Watteau)

Dans chacun des deux cas, le peintre de Carantilly a reproduit les principaux personnages de la gravure qu’il avait sous les yeux, mais il a fait œuvre originale dans le choix des paysages bocagers qui constituent l’arrière plan.

ci-contre, "Promenade sur les remparts" (Watteau)

La première toile est une copie partielle des Champs Elysées. Le peintre de Carantilly a reproduit à l'envers les six personnages et la fontaine des Champs Elysées, mais il a régionalisé son oeuvre par un horizon bocager avec notamment le clocher à bâtière.

Sur la seconde, le peintre a reproduit quatre personnages de la promenade sur les remparts, mais le cinquième a disparu, de même que les remparts, remplacés là encore par un paysage assez accidenté.